A l’occasion de la Saint Joseph (19 mars) et de la décision du Pape François de placer l’année 2021 sous la protection de « Saint Joseph, patron de l’Eglise universelle », constatons que Saint Joseph est très bien représenté dans l’église Saint-Bruno.
Il se trouve justement que nous avons dans l’église une représentation de Saint Joseph sous le qualificatif mis à l’honneur en 2021. Dans la chapelle gauche du transept, la grande statue au-dessus de l’autel est placée sous la dédicace explicite : « PATRONO ECCLESIAE » (au protecteur de l’Eglise). Saint Joseph tend sa main gauche au-dessus de la tiare pontificale, posée sur un rocher marqué aux armes de Saint Pierre. C’est un type de représentation rarissime. Il faut dire que la chapelle a été réaménagée dans les années 1870 face à l’établissement des Sœurs de Saint-Joseph (toujours présentes aujourd’hui derrière le mur presqu’aveugle de l’autre côté de l’allée des marronniers) et que la statue, la plus ancienne en béton de Lyon, a été créée en 1880 par FABISCH fils, juste quelques années après la proclamation de « Saint Joseph, patron de l’église universelle » (8 décembre 1870) par le Pape Pie IX.
De sa main droite, Saint Joseph tient un bâton surmonté d’un lys, son symbole. D’où vient précisément cette représentation ? Du proto-évangile de Jacques, repris par l’archevêque de Gênes, Jacques de Voragine, dans sa « Légende dorée » (1261-1266) qui recense les principales traditions concernant la Vierge et les Saints ; dans cet ouvrage célèbre, les artistes du Christianisme occidental ont largement puisé. Alors que la Vierge a 14 ans, âge alors habituel du mariage, le Grand Prêtre décide qu’il lui faut prendre époux malgré ses réticences. Il convoque tous les jeunes gens de la Maison de David, lesquels viennent à pied, parfois de loin, s’appuyant sur un bâton de marche. Au moment du choix, Joseph se tient en retrait, conscient de son plus grand âge. Mais voici que son bâton fleurit en lys et qu’une colombe vient s’y poser. Les autres prétendants, rageurs, brisent leur bâton. Derrière la légende, il y a, bien évidemment, le symbole de la pureté de la Vierge que Joseph a préservée.
Il se trouve que, dans la première chapelle latérale droite, on peut voir un « Mariage de la Vierge » peint par Charles Michel-Ange CHALLE en 1752. Contrairement aux rares artistes qui ont traité le sujet, CHALLE ne fait aucune place au caractère anecdotique des prétendants en colère. Il choisit, fait exceptionnel, de centrer le tableau sur le moment de l’union proprement dite. Son traitement des deux principaux protagonistes est remarquable : la tendresse de Joseph comme la modestie de la Vierge sont rendues de façon admirable (le tableau est classé). La comparaison avec les toiles de Raphaël et de Carpaccio sur le même thème, qu’on peut trouver sur internet, est éclairante.
Un autre tableau mérite l’attention. C’est « Saint Joseph à l’Enfant » de Louise BRONDEL (1880), dans la chapelle Saint Joseph, image charmante de la confiance de l’Enfant, ainsi que de la douceur du Père adoptif.
Ces deux tableaux sont un hymne aux vertus familiales.
En revanche, deux autres tableaux, « L’Adoration des mages » de Chloé du PASQUIER (1830) d’après Rubens dans la chapelle du transept droit et « La Sainte Famille avec le petit Saint Jean » d’après Andrea del Sarto dans la sacristie des enfants de chœur ne donnent qu’un rôle mineur à Saint Joseph … comme souvent. Discrétion et humilité sont aussi des vertus.
Les représentations de Saint Joseph dans l’église Saint-Bruno, variées, se révèlent souvent originales, toujours porteuses de sens.