Le grand cloître et la place des Chartreux
A côté des fortifications septentrionales de Lyon (actuel boulevard de la Croix-Rousse), on voit une chartreuse encore modeste
autour de son grand cloître dans un espace essentiellement planté de vignes et desservi par un chemin (aujourd’hui rue des Chartreux).
(Bibliothèque municipale de Lyon, réserve 28122)
Le grand cloître entouré de 24 ermitages de chartreux avec au centre le puits.
Aujourd’hui la place des Chartreux occupe approximativement le tiers central de l’ancien grand cloître.
(dessin de 1885 d’après une peinture de la Grande Chartreuse)
La place des Chartreux et les bâtiments qui la bordent occupent très approximativement l’emplacement de l’ancienne Chartreuse du Lys Saint-Esprit, en activité depuis la fin du XVIe siècle jusqu’à la Révolution.
Le grand cloître était entouré d’une galerie desservant 24 petits ermitages (ou cellules) de pères chartreux.
Que reste-t-il aujourd’hui de la Chartreuse de Lyon ? (éléments de la galerie du cloître, cellules, portail, église, etc.)
Qu’est-ce qu’une Chartreuse
La fin de la chartreuse de Lyon.
Quel avenir pour la place des Chartreux
Ce dossier est une adaptation de la fiche sur la place des Chartreux réalisée par la commission du patrimoine du Conseil de quartier du premier arrondissement. Il s’appuie sur le travail de M. André Hernoud qui a fait des recherches approfondies sur le grand cloître de la Chartreuse (consultation d’ouvrages, recherches aux Archives de la ville de Lyon et aux Archives départementales du Rhône, examen sur place des restes visibles à l’occasion de travaux, etc.).
Autres ouvrages consultés :
- « Un itinéraire baroque à travers l’église Saint-Bruno-les-Chartreux » (CDRP Lyon 1985, réédition 2006) ;
- « Sainte Croix en Jarez, ancienne Chartreuse » (F. Jeanty, s.e., s.d.) ;
- « Saint Bruno et les Chartreux, une tradition vivante » (ed. resp. collectif JC. Krikorian,1999).
Que reste-t-il aujourd’hui de la Chartreuse de Lyon ?
Le grand cloître, entouré de sa galerie desservant les 24 ermitages (A à Z), avec pour chacun d’eux :
- la maison en angle,
- le jardin,
- le promenoir longeant le jardin et séparant les ermitages.
(dessin de A. Hernoud d’après un plan de 1791)
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La galerie du grand cloître :
A l’ouest de l’actuelle place des chartreux, les arcades de la galerie du grand cloître (hauteur 3,70 m) sont bien visibles, quoique transformées, dans le mur du lycée Jean-Baptiste de la Salle. La galerie est conservée à l’intérieur du lycée (largeur 3,65 m).
Restes des arcades du grand cloître qui avaient été conservées par Sébastien Dupont, frère du chansonnier Pierre Dupont, dans sa propriété. (photo de la fin du XIXe siècle, archives de la paroisse Saint-bruno).
Le mur arrière de l’ancien garage Haond, côté droit de l’impasse du fond, comporte également des éléments d’arcades, identiques à ceux de la photo, cachés sous le crépi.
L’impasse du fond :
L’impasse du fond correspond à la galerie sud du grand cloître dont elle conserve la largeur (3,65m).
à gauche de l’impasse, on devine les anciens ermitages (ou cellules) des chartreux, remaniés et rehaussés par leurs propriétaires successifs. à l’arrière des cellules, certains jardins ont été conservés.
Photo de droite : porte cochère du XVIe-XVIIe à l’entrée de l’impasse du fond. Cette porte donnait accès aux champs de culture de la Chartreuse.
La maison du prieur (non représentée), au sud-est, dans le lycée des Chartreux est difficile à apercevoir depuis la place.
L’ermitage :
Reconstitution de la cellule B, impasse du fond (reconstitution et dessin de M. André Hernoud).
L’ermitage ou cellule est une petite maison à un étage, donnant sur la galerie du grand cloître avec une porte et un guichet. La surface totale construite représente environ 80 m 2. Ce qui est plutôt grand.
Dans cette Chartreuse, au rez-de-chaussée : un petit bûcher, un atelier, un promenoir et le jardin clos de murs.
Au premier étage, une grande pièce, le cubiculum, précédé de l’Ave Maria. La grande chambre comprend un lit fermé, un oratoire, une tablette pour manger devant la fenêtre, un coin bureau. (dessin extrait de l’album Saint Bruno et les Chartreux)
L’église Saint-Bruno, le petit cloître, la maison des voyageurs :
De gauche à droite :
- Vue de la place des Chartreux, l’église Saint-Bruno des XVIIe et XVIIIe siècles (ouverte tous les jours non fériés, de 15 h à 17 h).
- Le petit cloître du XVIIe siècle. (photo Pierre Clavel, Centre régional de documentation pédagogique de Lyon)
- L’hôtel des étrangers (ou maison des voyageurs) construit peu avant la Révolution, vendu comme bien national, racheté au XIXe siècle par le Cardinal Fesh, oncle de Napoléon, pour être donné à la Société des Prêtres de Saint-Irénée dont il a favorisé la création. Le bâtiment est typique du style de la Grande Chartreuse ; inclus dans le lycée privé des Chartreux, on ne peut le voir que depuis la Saône ou de la colline de Fourvière.
(Photos Berthier, laboratoire Gris souris)
Qu’est-ce qu’une Chartreuse ?
La première Chartreuse a été créée au XIe siècle par Saint Bruno, à la Grande Chartreuse. Les Chartreuses se sont multipliées au cours des siècles en France et en Europe.
La Chartreuse est un ensemble d’ermitages. Les pères mènent une vie d’ermite tempérée de quelques offices collectifs, mais le prieur et l’économe (le procureur) ont des liens avec l’extérieur. La Chartreuse de Lyon compta au maximum 24 pères et 24 cellules.
Le couvent abrite également des frères (non-prêtres), convers ou donnés, et des employés rémunérés. Des ouvriers extérieurs viennent également y travailler.
La Chartreuse est en effet une unité économique. à Lyon, le domaine s’étendait sur 24 hectares dont au moins 15 ha de vignes. Le père procureur dirigeait l’exploitation.
Il reste en France quelques Chartreuses visitables et bien conservées : près de Rive-de-Gier, la Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, particulièrement bien conservée, celle de Villeneuve-les-Avignon et celle de Valbonne non loin de Pont-Saint-Esprit.
La Chartreuse de Valbonne illustre bien l’organisation des Chartreuses
(cliché ASVMT)
La fin de la Chartreuse de Lyon
La totalité des biens de la Chartreuse devenus biens nationaux sont vendus en 11 lots à la Révolution.
Le cardinal Fesch, oncle de Napoléon et archevêque de Lyon, racheta au XIXe siècle près de la moitié de la propriété qu’il confia à la société des prêtres de Saint-Irénée (dite Société des Chartreux).
L’église Saint-Bruno, église paroissiale depuis 1803 est, depuis 1792, propriété de la Ville de Lyon, tout comme le petit cloître.
L’avenir de la place des Chartreux
Grâce à l’action de notre association, les restes du grand cloître font désormais l’objet d’une protection et la hauteur de construction possible a été limitée.
Un programme immobilier va voir le jour au sud de la place. Il comprendra des maisons de ville et un petit immeuble avec jardins. A l’extrémité de ces jardins, le mur de galerie méridionale de l’ancien grand cloître sera dégagé et mis en valeur.